forêt

forêt est un projet qui questionne notre rapport au vivant et la notion de représentation du réel. Ce travail s’appuie sur la déambulation solitaire au coeur des forêts comme processus créatif. Marcher, observer, écouter, sentir, s’arrêter, respirer, recueillir les informations.

La marche nous ramène à une temporalité naturelle, un espace-temps commun à l’ensemble du vivant.

La déambulation solitaire est méditative. Elle nous confronte à cette notion de non-séparation par effet de résonnance entre intérieur et extérieur  et favorise un état de disponibilité et l’émergence d’un autre langage.

Cette recherche est caractérisée par l’absence de projet dans une volonté de non-contrôle et s’appuie sur le mouvement comme énergie créatrice. L’idée étant d’empêcher l’ingérence du mental et permettre qu’autre chose issu de la rencontre arrive.

En partant d’un nouveau postulat, on modifie notre réalité et par conséquent notre rapport au monde. forêt tend à esquisser les contours du réel issu de ce changement de paradigme.

Le postulat étant : chaque particule du vivant est sensible, consciente et communiquante. L’information est une énergie disponible à tout moment pour qui sait se rendre disponible – une rencontre provoquée par un mouvement de réciprocité. La notion de séparation est une illusion. Il existe un langage universel du vivant. La réalité est le fruit de notre interprétation.

de l’humus entre les orteils (extraits)

les pommes de pins jonchent le sol et créent des motifs utiles aux magiciennes.

on ne peut pas rapporter les odeurs, seulement le souvenir d’une fragrance éphémère. Et pourtant elle s’inscrit durablement dans nos cellules. Elle nous appelle, on la cherche, on la reconnait, elle nous éveille.

je sens encore ce vide qui a mis en péril ma vie de nouveau-né. Je suis née fille. Pendant longtemps j’ai été incapable de traduire le mot féminité, à part peut-être quand j’ai découvert le trou. Ce trou autour duquel malgré moi j’existais, dans le regard de l’homme, celui du père, et dans l’alcool. Un trou, l’alcool et l’homme, voilà à quoi ce résumait ma féminité.

je colle, je suinte, je dégouline, seule au milieu de l’immensité bosselée et silencieuse, seule parmi les arbres tranquilles, seule avec la craie qui semble inscrire mon histoire à chaque pas.

quand on marche seule, on a l’horizon pour nous, personne pour moduler nos pas, personne pour induire la trajectoire. On peut apprécier toute l’amplitude de ce qui s’offre à nous.

alors que le paysage s’étale enfin sous moi, le sentier continue de monter. Serait-ce un sentier quantique ? Le coq hurle au loin.

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